A-graphe #10

Je peux pas travailler si le ménage est pas fait. Débarrasser des gravats, monter des étagères, déménager les gens… Deux heures plus tard / sérénité épuisée / dans l’air d’or et gris. C’est somptueux, les yeux n’en finissent pas de se reposer dans la couleur. Enumérons : main bleue, fumier bleu, bleu siècle, désir bleu des trains / alcool vert, vert intérieur des arbres, soleil vert, menaçante vivacité du vert / odeurs rouges, rouge des statues, armes rouges, silence obscur et rouge. Ce moment, fugace, peut faire toucher à un réel, une vérité jusque-là méconnue. Mais renaître tous les ans, comme un second printemps, est un bien vaste projet. J’y perds un peu la raison. Bref, je me débrouille. Je rebrousse chemin dans mes pensées. la nuit, ça va. Je n’ai lieu que là. Car la nuit j’ai peut-être moins de visage et plus de voix. neige / neige / trace de pas / Il y a quand même dans la rue des gens qui passent. Tout est dans ce « quand même ». Ça fait un petit discours dans ma tête. Même lorsque la vie se réduit à rien, c’est rarement le même rien. tous ces mots, il faut les dire, il faut les prononcer. Des phares et des lumières. Des clartés. Comment on se tient dans la vie ? on commence avec le tictac de l’horloge, on finit avec lui. Si on commence par le début, on n’en sortira pas.


C’est quoi les a-graphes ?


Collage à partir de : Franck Courtès, Brigetoun, Alice du fromage, Dominique Boudou, Solange Vissac, Emilie Deseliene, mon journal, le titre d’un livre d’Anne Marbrun, Antoine Wauters, Camille Readman Prud’homme dans Quand je ne dis rien, je pense encore, journal filmé d’Arnaud de la Cotte, titre d’un livre de Robert Bober (via Le Flotoir), Neige Sinno dans le Bookclub, Christophe Sanchez, Solange Vissac, Antoine Wauters à nouveau, Franck Courtès à nouveau, Christine Jeanney, et des oublis peut-être/hélas/pardon.

A-graphe #9

le monde est plus que gris, il est éteint. un silence qui permet d’entendre la vallée (faune, flore, vent et eau). Je ne publie pas beaucoup ces derniers temps. Me voilà à deux doigts de trouver merveilleux la peinture, les crochets du rideau, les craquements de l’armoire, la fissure au plafond. Rester, ou revenir, dans le monde d’avant nous convient assez bien. Nous on a toutes ces histoires qui reviennent nous hanter. ce petit feu qui crépite en nous et qui peut faire de si grandes flammes. naguère, oh, c’était naguère. La première personne à qui j’ai un urgent besoin de plaire, c’est… moi. Même quand il ne pleut pas il pleut à cause de cette eau lourde qui suinte des arbres. C’est à peine si je reconnais les traits de mon visage. Des gravas partout. Avec même cette petite fleur des Montagnes qui résiste au froid. J’ai fait tour à tour, des insomnies, de l’hypersomnie et des crises d’angoisse. les animaux de compagnie de l’écrivain. fenêtre, le matin / notes de travail / couleurs / pots / noisetiers. Oeufs mollets, poêlée et crème de girolle. C’est sans doute à ça que je peux mesurer certains progrès. je pense à ma disponibilité, à ce que ça fait de ne pas être envahi, encombré. Un pied, l’autre pied, un pied, l’autre pied. it’s minimal effort and very comforting. Une seule santé / La riposte poétique. Nous sommes la mer qui sans cesse se quitte et revient. Un nouvel exercice de patience. Un nouveau fil d’Ariane que je tisse pour me rassurer.


C’est quoi les a-graphes ?


Avec, dans le désordre : journal de bord des vagues christine jeanney – marc capelle « A quoi ressemble ma vie sans ordinateur ? » – Mr Mercedes (saison 1, épisode 2) – 3 choses qui me surprennent depuis le départ de nos filles » de Christie Vanbremeersch – Journal d’août de Guillaume Vissac – Dialogue avec l’ombre de Pierre Ménard – l’article « Ce jour où Creuzevault a (mal) mis en scène l’époque » sur Diacritik – Robert Walser cité par bridgetoun – journal de thomas parisot – la newsletter de Zevillage – try a little tenderness de Ethaney Lee – « la papeterie libre 003 » et « Raccrocher les wagons » de Fanny Cheung – la Newsletter de la Chaire de Philosophie à l’Hôpital – Watergang de Mario Alonso cité par Guillaume Vissac – « vingt kilomètres cent » de traces et trajets – « Huis clos – la transmission du geste » de Hypothermia – « le chemin du curé » de juliette derimay – journal filmé 346 et 349 de Arnaud de la Cotte – une recette dans le magazine ELLE – le blog les écumes, le 2 octobre 2023.- « Ce dont nous avons faim » d’Alice Legendre – Etienne Faure, Et puis prendre l’air, cité par Carl Vanwelde – « Les Mains dans les poches : Emmanuelle Salasc, Hors gel » sur Diacritik.

A-graphe #8

— Et on commence quand ? — Demain. — …Demain d’aujourd’hui ? Enfin, je veux dire l’après-demain d’hier ? — Oui. Aujourd’hui, c’est festival. Je vous parle ici de ce qui n’existe pas. le jour, la nuit. Ce qui nous plaît, nous gêne. la vie dans une petite maison dans la montagne. l’enfance, l’adolescence, les amours magnétiques. Je me demandais si j’aurais le courage. Le moindre frémissement m’intrigue. Autant d’îles et de pluies en successions d’orages. La première chose que je dois admettre, c’est que c’est dur. Ici, depuis longtemps, on vient prendre les eaux. C’est difficile / et dès la deuxième phrase, un défi. Finalement, on en revient toujours aux mêmes fondamentaux : le besoin essentiel de stratégie et de méthode. Voir ailleurs si j’y suis. Les couleurs des vitraux. sans aucune couleur /sinon le bruit. Le calme du lieu retiré au bout d’une allée pavée. Pas à pas dans l’automne trempé. Ces poèmes, écrits pour « remonter, souffler, remonter la pente ». un jour toutes les pierres redeviendront des torrents. Aujourd’hui, une seule question. Que cherchons-nous ? l’émotion dans les bras / comme une première fois. Le tout début. Il y a dans ce geste une retenue — presque une mélancolie — qui me bouleverse. Mais enfin, me voilà, je suis né, et tout commence.


C’est quoi les a-graphes ?


Avec dans le désordre : la série Sous contrôle (épisode 1) – l’amorce d’un réel à prise rapide – la newsletter voix de femmes – le journal d’Amélie Charcosset sur Tipeee – « prendre les eaux » sur les enlivreurs – la newsletter de julia et julie – la newsletter d’Elia Malika – « #365 déjà un an » d’Hortense Merisier – Laura-Solange dans « jalousie des jours semaine 73 année 2 » – Christine Jeanney, journal de bord des vagues – the trees and the villages de cebe barnes – Thomas Vinau – la newsletter l’inventaire des expos – Tenir, retenir, de Caroline Diaz sur les heures creuses – le journal de Thierry Crouzet – Thierry Roquet et un article sur lui dans le blog Un poème pour la route – le poème La belle emprise de Caroline Dufour – Dream Time de Pierre Ménard sur Liminaire – mon chéri on the road 26 de la trace bleue – Une dent contre le ciel de Tom Saja.

A-graphe #7

T’as une tête de déçu là, il se passe quoi ? Ça mijote, je mijote. Si tu ne cherches pas l’inespéré, tu ne le trouveras pas. Quand je vous dis que j’ai des goûts de luxe. Le goût du précis dans le noir. Il est terrible le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir… Il n’est plus l’heure de se demander si on fait bien ou si on fait mal, il est l’heure de chanter. Ça m’a fait boum dans le cœur. Ce qui m’intéresse, c’est cette méconnaissance de soi. Faites sortir votre son. C’est plus dur à juger qu’une omelette. Soyez là. Vraiment, faites confiance à l’entraînement. Il va falloir être patient, on n’est pas pressés. C’est bien de le préciser.


C’est quoi les a-graphes ?

Avec : Prévert, un article d’En attendant Nadeau, Desproges, YouTube, plusieurs tweets, Lara Fabian à la Star Ac’.

A-graphe #6

Tu es devenu paysage. Tu m’attendais, c’est ça ? Toi aussi, tu regardes frénétiquement la montre ? Je suis essoufflée de me tenir prête. Tous les matins quand on attaque, on ne sait pas ce que la nature nous réserve. Si tu prends ce temps pour toi et pas pour faire des lessives, c’est déjà pas mal tu sais. Et quand t’as une idée en tête tu l’as pas ailleurs. Nos avancées ont-elles les bonnes longueurs ? On constate comment on nous remplit en tant que touristes, et détourne notre attention en multipliant les gestes et les lieux commémoratifs. L’espace est un doute. Pour garder le silence, il faut avoir pu parler. Je n’ai pas peur de recommencer, avec & à partir de toi. Si je boite, si ma voix se heurte, je me tiens aux pages. Tu me racontes comment tu as fais pour que ça se passe bien ? Le sens tactile qui peu à peu s’est atrophié dans nos sociétés : où la poésie peut-elle se situer pour ne pas être en deçà du toucher ? Je pourrais juste me suffire de son visage. Rien, hormis la transformation du corps en langage.


C’est quoi les a-graphes ?

Avec des mots lus sur remue.net et aussi Philippe RAHMY-WOLFF cité par Sabine Huynh et beaucoup Twitter et Marguerite Duras et Perec, très peu

A-graphe #5

Soyez le bienvenu dans votre ville. L’invasion se poursuit toujours. L’arbre est un peu comme un boxeur. Il tient debout au 1er coup, au 2e, au 3e… Puis vient le coup de trop et il s’écroule. Sans chagrin, sans défense. Une très longue histoire. Le chaînon manquant. D’une parole qui le concerne. La forte remontée d’air chaud se confirme. Quand on va mal, c’est qu’il y a une raison. Une action militante, une manifestation ou une grève qui ne dérange absolument personne, ça s’appelle un pyjama. L’espèce humaine a dépassé toutes les limites. La Terre aurait perdu 69 % de sa faune sauvage en 50 ans. La facilité et l’efficacité des nouveaux outils d’IA ouvre une nouvelle ère d’usages un peu fous. Les gens semblent vivre dans un rêve techno-fantastique. On rigole on rigole, mais c’est quand même le signe d’un monde qui change de ouf. Mon idéal d’une société nouvelle ne pourra être réalisé sans la destruction de la civilisation. Dans cette société, la vie sera simple, plus humaine et moins mécanique, car nous aurons renoncé en partie à la maîtrise de la nature, quitte pour cela à accepter quelques sacrifices. Lancement lundi de nouvelles concertations entre le gouvernement et les partenaires sociaux. N’oubliez pas de faire une petite sieste pour vous remettre du petit-déjeuner. Etes-vous en burn-out ou êtes-vous une petite nature ?


C’est quoi les a-graphes ?

A-graphe #4

Il est 7 heures. Vendredi bilan. 28 offres correspondent à votre recherche. Si vous souhaitez ne plus recevoir cette alerte e-mail, cliquez ici. Pourquoi postuler ? Service dynamique et tourné vers l’avenir. Vous êtes mobile et souhaitez changer de vie ? S’inscrire ici. Etape – 1 S’inspirer et Rêver. En savoir plus. Etape 4 – Etre le moteur de sa réussite. Gérer mes alertes. Pour un plus bel oubli. Je n’ai pas souhaité réagir aux messages reçus remettant en question l’éthique et la précarisation de notre métier. Je me tiens là, et j’entends « ça va ? ». Il fallait chercher à s’enfuir peut-être. Vous pouvez aussi vous coucher et pleurer. Ou tenter de vous lever pour enrayer cette machine. Il existe des gestes simples. Et des vagues de dunes Pour arrêter les vagues. Nous allons inventer une histoire avec un début et une fin. La brèche, c’est ça. Il est 15h30 et nous sommes toujours vivants. Les enfants ont tout le temps du monde alors ils en font bon usage : ils l’oublient. Vraiment peindre. Faire parler la forêt. Franchir les mers les plus hostiles du globe. La place du village sous la pluie. Une petite cabane à surprises. Du miel. Ma crique au couchant. Nul besoin de faire des milliers de kilomètres pour trouver à observer. C’est le laboratoire de la rareté du monde. C’est ainsi que se pose le cadre de l’action. Se frotter les yeux et relire plusieurs fois. Ces petits moments sont parfois utiles. Interroger quand même l’impérieux « Parce-que ». Probablement l’un des enjeux les plus importants des semaines à venir. Vers un savoir-agir. Et ce n’est qu’un début. Il y a un changement fondamental dans les formes que prend la lutte. Je baisse, j’éteins, je décale. Qu’est-ce que je dis exactement ? Comment donner du sens au travail ? Quand vous avez fini, vous faites comme ce matin : vous signez votre dessin puis vous le fixez au mur. Ce qui n’est pas exactement la même chose que travailler tout court. À vouloir protéger la dynamique créée, vous allez la figer et la fossiliser. Si vous voulez qu’elle vive, il faut vous en servir plutôt que la servir. Jouer comporte des risques. Serez-vous des nôtres ? Attention : Ce courriel vous est envoyé automatiquement, merci de ne pas utiliser la fonction « répondre à l’expéditeur ».


C’est quoi les a-graphes ?

Y figurent notamment et dans le désordre : ma boîte mail, APEC et Pôle Emploi, une liste de diffusion professionnelle, des newsletters, Les Midis de la Poésie, FDJ, un livre universitaire, des phrases attrapées sur Twitter, France Inter, France Culture, Evgenia Belorusets, Gérard Garouste, l’atelier des lecteurs de L’intimiste, deux campagnes gouvernementales, une vidéo Facebook, Christine Jeanney, Lola Lafon, Jacques Brel, mon journal, la présentation du livre Comment devient-on créateur∙trice ?

A-graphe #3

Psychanalyse, jus d’orange et bonne humeur. Dans le silence retrouvé, j’entendais sa respiration. Elle était calme et régulière. Là où les mots s’effacent, ils deviennent des gestes pour exister. On vous somme de ramasser votre barda et de vous tirer. Je trouve bouffon de s’en aller après être venu. Nous ne sommes pas en face d’une révolte mais bien face à toute une série de révoltes. Aujourd’hui, être. Le courage de chercher la vérité et de la dire, c’est un travail. Cet inconfort est là. Chemins qui ne mènent nulle part. Ce qui craque sous nos yeux, c’est l’architecture du pouvoir. Il fallait commencer. Il faut avoir quelque chose d’important en tête pour sortir de chez soi, il faut atteindre son objectif, puis rentrer. Ça me retourne encore le cœur rien que d’y penser. Pourquoi nous ne sommes pas sûrs de nous ? L’aventure, c’est sortir de ses certitudes. Voir l’autre comme un être en devenir. On devrait se dépouiller de tout, presque tout. Les mots ne disparaissent jamais. Ils sont endormis et il faut parfois les réveiller pour leur offrir une nouvelle vie. Réinventer les mots du monde. Le silence s’est tu.


C’est quoi les a-graphes ?

Avec, dans le désordre : Paul Léautaud, Olivier Rolin, bouts de Twitter, et de France Culture, extraits de l’atelier d’écriture d' »Une clinique philosophique du burn-out des soignants », Evgenia Belorusets, un prof de psycho de l’orientation, du journal, des pages du matin, Jacques Dor, Isabelle Autissier, Cynthia Fleury, et Jean-Pierre Carrier.

A-graphe #2

Nous avons tous deux ombres. On écrit parmi ses propres ombres. J’étais obsédée par ces images de morts, de charniers. Que nous dit le silence des fleurs ? A nous d’être meilleurs aujourd’hui. Il faut tout noter. Défaire l’évidence. Se dire que l’apprentissage se niche partout, comme une mauvaise plante revêche. Quel courage quand elle dit « vous ne me faites pas peur ». L’insistance de la liberté. La vie n’est pas ce que l’on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment chacun s’en souvient. Voyez ce qu’on fuit. Les mots qui manquent à nos voix. On écrit aussi dans la blancheur, dans l’absence, dans le vertige. True story. Si on raconte sa vie pour de vrai, ça vous refait une existence. J’écris ma vie, donc j’ai été. Je porte la marée. Si je n’écris pas ce matin, je n’en saurai pas davantage. Souffre-t-on de trop de lumière et de clarté ?


C’est quoi les a-graphes ?

Avec : Lola Lafon, Jean-Michel Maulpoix, un livre universitaire, Nikos Aliagas, Gabriel Garcia Marquez, des mails, et des sources oubliées, Laura Vazquez, Mia Couto, mon journal, Maya Angelou, des extraits de l’atelier d’écriture d' »Une clinique philosophique du burn-out des soignants ».

A-graphe #1

Comment tu travailles concrètement ? Je préfère être là. Alors on ne sort jamais. En fait cette attente-là est un travail. C’est courageux de le dire. Les mots et les sons se frottent. Le tic tac de l’horloge, funèbre son du temps qui passe et qu’on ne peut retenir… Notre langage n’émeut plus ces objets, qui n’en renvoient pas même l’écho. Quoi faire à la place ? Changer de rythme, de lieu, de gens ? J’ai imaginé quelques questions-fondations. Nous nous posons donc la question : quel travail voulons-nous ? Pourquoi avons-nous besoin du poème ? La vie se crée dans le délire et se défait dans l’ennui. Autrement dit : c’est du taf. Beaucoup de taf. Raconter nos paysages intérieurs. C’est la vie qui brasse la vie, le beau, le pire, le dérisoire. C’est une chèvre avec un pullover. On n’a rien demandé, on serait bien resté plus longtemps dans l’indifférence, le silence coutumier des choses – on y serait même volontiers resté jusqu’à une fin à laquelle on ne pensait pas. Le silence, c’est contagieux. Il n’était plus temps alors de se poser des questions, j’étais dans l’urgence. J’ai continué en me disant que j’y arrive ou non, que je guérisse ou non peu importe, je continue, je continue… Car plus le corps est faible, plus la pensée s’étend. Je préférerais ne rien écrire du tout plutôt que de faire la propagande du monde tel qu’il est. Quel monde, d’ailleurs ? « Un monde / qui souffre / sous un manteau de fleurs. »


C’est quoi les a-graphes ?

Avec : Cioran, Christine Jeanney, Annie Ernaux, Olivier Rolin, Guillaume Vissac, Anne Boyer, Laura Vazquez, les Midis de la Poésie, Augustin Trapenard, Kobayashi Issa, Denis De Rougemont, et des choses entendues.