Je peux pas travailler si le ménage est pas fait. Débarrasser des gravats, monter des étagères, déménager les gens… Deux heures plus tard / sérénité épuisée / dans l’air d’or et gris. C’est somptueux, les yeux n’en finissent pas de se reposer dans la couleur. Enumérons : main bleue, fumier bleu, bleu siècle, désir bleu des trains / alcool vert, vert intérieur des arbres, soleil vert, menaçante vivacité du vert / odeurs rouges, rouge des statues, armes rouges, silence obscur et rouge. Ce moment, fugace, peut faire toucher à un réel, une vérité jusque-là méconnue. Mais renaître tous les ans, comme un second printemps, est un bien vaste projet. J’y perds un peu la raison. Bref, je me débrouille. Je rebrousse chemin dans mes pensées. la nuit, ça va. Je n’ai lieu que là. Car la nuit j’ai peut-être moins de visage et plus de voix. neige / neige / trace de pas / Il y a quand même dans la rue des gens qui passent. Tout est dans ce « quand même ». Ça fait un petit discours dans ma tête. Même lorsque la vie se réduit à rien, c’est rarement le même rien. tous ces mots, il faut les dire, il faut les prononcer. Des phares et des lumières. Des clartés. Comment on se tient dans la vie ? on commence avec le tictac de l’horloge, on finit avec lui. Si on commence par le début, on n’en sortira pas.
Collage à partir de : Franck Courtès, Brigetoun, Alice du fromage, Dominique Boudou, Solange Vissac, Emilie Deseliene, mon journal, le titre d’un livre d’Anne Marbrun, Antoine Wauters, Camille Readman Prud’homme dans Quand je ne dis rien, je pense encore, journal filmé d’Arnaud de la Cotte, titre d’un livre de Robert Bober (via Le Flotoir), Neige Sinno dans le Bookclub, Christophe Sanchez, Solange Vissac, Antoine Wauters à nouveau, Franck Courtès à nouveau, Christine Jeanney, et des oublis peut-être/hélas/pardon.