A-graphe #1

Comment tu travailles concrètement ? Je préfère être là. Alors on ne sort jamais. En fait cette attente-là est un travail. C’est courageux de le dire. Les mots et les sons se frottent. Le tic tac de l’horloge, funèbre son du temps qui passe et qu’on ne peut retenir… Notre langage n’émeut plus ces objets, qui n’en renvoient pas même l’écho. Quoi faire à la place ? Changer de rythme, de lieu, de gens ? J’ai imaginé quelques questions-fondations. Nous nous posons donc la question : quel travail voulons-nous ? Pourquoi avons-nous besoin du poème ? La vie se crée dans le délire et se défait dans l’ennui. Autrement dit : c’est du taf. Beaucoup de taf. Raconter nos paysages intérieurs. C’est la vie qui brasse la vie, le beau, le pire, le dérisoire. C’est une chèvre avec un pullover. On n’a rien demandé, on serait bien resté plus longtemps dans l’indifférence, le silence coutumier des choses – on y serait même volontiers resté jusqu’à une fin à laquelle on ne pensait pas. Le silence, c’est contagieux. Il n’était plus temps alors de se poser des questions, j’étais dans l’urgence. J’ai continué en me disant que j’y arrive ou non, que je guérisse ou non peu importe, je continue, je continue… Car plus le corps est faible, plus la pensée s’étend. Je préférerais ne rien écrire du tout plutôt que de faire la propagande du monde tel qu’il est. Quel monde, d’ailleurs ? « Un monde / qui souffre / sous un manteau de fleurs. »


C’est quoi les a-graphes ?

Avec : Cioran, Christine Jeanney, Annie Ernaux, Olivier Rolin, Guillaume Vissac, Anne Boyer, Laura Vazquez, les Midis de la Poésie, Augustin Trapenard, Kobayashi Issa, Denis De Rougemont, et des choses entendues.

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